Vous connaissez Prends la Pente Festival ?

Festival marathon et 100% underground

Events
Publié le 24/05/2022 • 6 minutes
Un article de Thomas B.

On vous en parlait déjà sur UBG.One, à partir de mercredi et jusqu’à dimanche se tiendra le festival Nuits Sonores, un incontournable dans le paysage des festivals électros. Pas de contre-programmation officielle en vue cette année, mais de nombreuses soirées et festivals undergrounds vont fleurir un peu partout dans la ville de Lyon. Avec son programme marathon et 100% local, Prends la Pente Festival est sûrement le plus prometteur. Rencontre avec Max, son organisateur.  

Rencontre avant le top départ

Il est 15h à Lyon sur les pentes de Croix-Rousse. L’orage est passé, une sirène d’exercice retentit. Ambiance. Max me reçoit au Maxine’s en pleine préparation du show : “Je suis en train de programmer les lumières depuis hier, le mec m’a planté. C’est un truc de gogol”.

Max est le patron de l’association Pulse Addict (qu'il a fondée en 2018) et le programmateur du Yard et du Maxine’s (l’un des 2 endroits qui accueillent l’événement avec le bar associatif Café Galerie). Il est aussi et surtout DJ, à la tête des 3 collectifs 69 La Tech, Disco House Session et Heyoka. Le festival, c’est son idée, un projet (pas si) fou qui prend enfin forme et arrive à grands pas.

Présentations rapides, petit café, petit coup de fil à Oscar (le patron du Café Galerie) et nous le rejoignons pour l’interview un Club Maté à la main. Le café-club est à moins d’une minute de marche.

- Alors, prêt pour le marathon ?
- On va dire que oui ! C’est trop tard pour reculer de toute façon !

Car oui, Prends la Pente Festival c’est un marathon ! 5 jours de son non-stop dans 2 lieux typiques des pentes de Croix-Rousse en même temps que Nuits Sonores (25-29 mai 2022). Hasard du calendrier ? Pas vraiment. Si le festival électro emblématique de Lyon n’a pas prévu de programmation off cette année, le moment reste propice pour organiser des soirées underground dans toute la ville.

Genèse

L’idée prend forme il y a 2-3 mois avec la volonté de réunir tous les styles électro de la scène underground lyonnaise et d’en faire un événement pas comme les autres : “Le contact avec les collectifs était fait depuis un moment”. Dès les premiers échanges, l’idée les séduisait beaucoup. Restait la question de l’endroit. Au début, Max pensait à plusieurs cafés-clubs, mais le choix s'est fait sur le Maxine's (où il officie) et le Café Galerie où travaille son pote Oscar :

Au final on a décidé de rester en famille. Je suis allé taper à la porte d’Oscar à 3h du matin en mode “Faut qu’on te parle !”. Quand je leur ai dit qu'on allait faire 5 jours de son non-stop, autant Oscar que les les DJs ou les collectifs, les mecs m’ont dit : “T’es complètement fou ! On le fait !”

Smooth transitions garanties

Le line-up de la Pente est un vrai jeu d’équilibriste. House, micro house, techno, drum’n bass, UK bass, progressive… il y a effectivement largement de quoi faire une grille variée rien qu’en piochant dans des collectifs du coin. Le festival commence par 2 soirées en face à face le mercredi : le collectif Enter the Rave (techno, hard techno, hardcore) au Maxine's doublé de Disco House Session, Patchouli FM et French House Records (house, micro house, minimalist) au Café Galerie. Deux bars, deux ambiances donc, mais heureusement le bracelet donne accès aux deux lieux. Même chose jeudi soir avec Prisme (éclectique, experimental) face à Ephemere (techno). Vendredi soir ce sera au tour de UK Bass de Phase contre la techno de Nashton Records sans oublier la house chamanique de Heyoka samedi soir.

Une part d’expérimentation et de surprise

PLP va permettre à 19 collectifs lyonnais de mettre en avant leurs artistes (plus de 90 DJs !) dont pas mal sont des habitués des soirées de Max et ses potes. Les collectifs ont eu carte blanche pour choisir les DJs et remplir la grille. Max le dit lui-même, il est allé chercher des vibes et des idéaux plutôt qu'une sélection précise. C’est aussi l’occasion de faire se rencontrer des gens qui ne se croisent pas souvent et de prendre du plaisir tous ensemble. 

“Le but, c’est de mettre tous les zinzins au même endroit et voir ce qu’il se passe. Tout le monde se connaît déjà mais on a tendance à rester cloisonné chacun dans son style”.

Là où le festival est un pari, c’est qu’il propose aux teufeurs la possibilité de trouver des styles différents à quelques rues de distance ou à quelques heures d’écart, des styles auxquels ils ne pensent pas forcément ou qu'ils ne pensent pas faits pour eux. "Quel que soit le style, un bon DJ il te met dedans. Ça va être marrant de voir les pantalons à paillettes à côté des lanières en cuir !” Max et Oscar ne doutent pas du tout que tous ces publics arriveront à cohabiter le temps d’un long week-end : “on s’attend surtout à bien rigoler”.

Petit tour d’horizon

En tout, ce sont donc 19 collectifs lyonnais avec une moyenne d'âge de 4-5 ans qui vont se succéder et présenter leurs artistes. Max dirige 3 des collectifs programmés : Heyoka, 69 La Tech et Disco House Session. Il est aussi très pote avec Enter The Rave, Ephemere et French House Records. Les patrons sont eux-mêmes des DJs, se communiquent les dates et jouent les uns chez les autres. Bref la machine est bien huilée, aucun accroc à prévoir.

Heyoka, c’est le projet le plus personnel de Max. Le collectif de "house chamanique” est né d’une envie de se faire plaisir et de jouer ses prods à lui dans un style progressive / melodic house qui se démarque du reste de l’offre électro : “Heyoka, c’est un peu notre petit jardin à nous, le staff de Pulse Addict, notre petit délire à nous mais attention on bosse fort !” (la déco notamment). C’est l’occasion de jouer la musique qui lui "colle à la peau” au lieu de  faire jouer les autres comme c’est le cas sur ses autres projets.  

Heyoka permet à Max (aka Nrah) de jouer ses prods melodic / progressive

 

Patchouli FM (la radio en forme de coeur) fait aussi partie de l’aventure. Le projet est né il y a 4 ans, à l’origine sous la forme d’un DJ crew avec l’idée déjà de créer une radio. La radio prend forme aujourd'hui avec des mixes, des podcasts des interviews et du son H24 mais ce sont toujours des musiciens : “ils ont gardé ce côté-là, de faire du son pour se faire plaisir et donc ils viennent plus en tant que collectif, qu’en tant que radio” confirme Max.

Dernier arrivé dans cette forêt de collectifs, Mad Gone est le collectif le plus jeune. Créé en 2021 le crew marqué house et deep house collabore régulièrement avec Zanzi et Unknown. C'est le dernier à s’être greffé au projet et sûrement une belle révélation pour ceux qui ne les connaissent pas encore.

Ambition en pente ascendante

Évidemment, il y a toujours des impondérables (météo, réaction du voisinage et de la mairie) mais les organisateurs sont rodés à l’exercice et prêts pour accueillir un public large et nombreux : le budget est bouclé (près de 15 000 €)et du service de sécurité au nettoyage en passant bien sûr par les boissons et la restauration, tout est prêt (les lumières aussi, Max est sur le coup). 

Le patron de Pulse Addict espère en faire un événement récurrent et le faire grandir rapidement. Si le festival est réussi, que le public est au rendez-vous, il n'exclue pas d'investir de nouveaux lieux, d'organiser des open-air et gagner de nouvelles pentes de Croix-Rousse lors des prochaines éditions.

Plus largement, l'espoir de Max est aussi de raviver l’esprit de fête qu’a connu le quartier dans les années raves (1980-90) ou à l’époque où le rock sortait de tous les bars. D’autant que l’émulation semble reprendre maintenant dans une tournure électro, avec des collectifs qui tournent bien et des bars-clubs ouverts pour les accueillir. Les jeunes artistes ne manquent pas, Oscar peut en témoigner.

"Énormément de DJs me demandent si j’ai encore des créneaux. Tout le monde veut jouer !"

Pour réserver en avance, direction la billetterie, sinon ça se passe sur place (l'entrée est à 8€ et donne accès aux 2 établissements pendant 10 heures)


Sinon, pour revivre l’époque des premières raves lyonnaises, on vous conseille l’excellent podcast de Umwelt sur Nova 

Umwelt : la science des raves
Crédit image principale © Pulse Addict Facebook